« Parfois, le vide lui même est la force qui attire davantage, comme dans une seringue ». Rabbi de Loubavitch. Simhat Torah 1977
Lorsque j’ai perdu mon père, j’ai vraiment cru qu’il ne pouvait exister plus dure épreuve, même si un voile planait au dessus de ma tête et que la réalité est venue taper à la porte ce matin, j’ignorais que tant de chagrin aurait pu sortir de mon corps et rien qu’à y penser les larmes coulent sans que je n’ai à m’y forcer. Mais combien de jours vais je pouvoir verser des larmes? Je pourrais être égoïste et penser à autre chose, me consacrer à ma propre famille, travailler sur un beau projet mais je ne le peux car le même sang coule dans nos veines… J’aimerais que le silence puisse parler, que la Vérité puisse plaider que le ciel et la terre puissent enfin témoigner mais n’est ce pas là un espoir des temps messianiques?
L’épreuve secoue le subconscient, fait ressurgir les fantômes du passé et dire que je les avais chassés! Les voici qu’ils reviennent comme pour me narguer sauf que cette fois je ne suis plus un château hanté. On pleure tous pour soulager sa peine face à la détresse que l’on vit mais ça n’améliore pas la situation, si nous pouvons arranger quelque chose, nous devons nous efforcer de le faire. Lorsque Yossef pleure sur l’épaule de son petit frère Benjamin, il vit que les Temples seraient détruits bien qu’il eut fait tout ce qu’il pouvait faire pour lui. Nous devons tout faire pour son prochain, prier, parler, écouter, conseiller mais chacun reste tributaire de ses propres choix … et c’est, le soucis pour l’autre, qui ne peut parfois que s’exprimer par des larmes.
Comment puis- je danser avec la peur, chanter mon désespoir? pleurer dans le noir? déposer mes bagages dans ce long couloir? Qui suis je pour incliner la tête? Qui peut m’ôter l’espoir d’y croire? Qui peut limiter la confiance? Je me demande alors combien de temps nos yeux resteront fermés et notre conscience endormie? Quand cesserons nous de voir ce monde comme une évidence? En attendant, j’avance dans ce monde obscur, bercée par cette douce mélodie de Rabbi Yossef Itshak: Beinoni pour atténuer la douleur, donner la parole à l’âme, frôler quelques instants… l’essence Divine.
Seulement je refuse ce luxe de pleurer, de m’apitoyer sur le sort qui pourrait me faire penser que j’ai tout accompli, baisser les bras en guise de consolation « Kol hazman ché haner dolek efshar letaken- tout le temps que la flamme brûle il est possible de réparer … » Et c’est ainsi à l’heure ou chaque chose baigne dans la demi-clareté que je reprends mon courage sur l’épaule comme le ramoneur sa brosse, les mains dans la suie je m’en vais déboucher les cheminées pour que les enfants puissent contempler la lune qui, en reflétant la lumière du soleil, leur rappelle que tout vient de l’Essence Divine.
Min hameitsar, karati ya, annani bamerhav ya… – C’est dans l’étroitesse que D’… répond dans la largesse.
A chaque épreuve, aussi terrible qu’elle puisse paraitre, sommeillent en nous les forces pour surmonter les limites. C’est comme si vous aviez deux valises l’une avec les épreuves et l’autre avec la force, le courage, les talents qui vous aideront. L’une arrive ouverte et l’autre devra être ouverte par vos soins. Pour l’ouvrir c’est simple: il nous faut rechercher le message de D’… le comprendre et révéler dans le monde la présence Divine.
C’est dans l’étude de la Torah et de la Hassidout que je puise toute ma force pour sortir de chacune de mes épreuves, continuer à faire Sa volonté en gardant cette confiance qui dépasse toute réalité. Cette fois encore, je trouverai les forces que “ le Capitaine » d’un navire doit avoir et tenir la corde n’est plus qu’une question de … bon équipage. Après tout, la corde peut elle se détacher du bateau aussi facilement?….
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